Note de réflexion à lire pour mieux comprendre pourquoi le récit de vie est utile et passionnant

NOTE DE REFLEXION

« Pour redonner sens et intérêt à la vie des personnes âgées »

Notre époque est marquée par l’absence de relations intergénérationnelles et le placement fréquent des personnes âgées dans des institutions. Le grand âge vit mal dans la solitude.

Le repliement sur soi, le rétrécissement du cercle social, la perte d’intérêt pour des faits extérieurs déclenchent un cercle vicieux d’appauvrissement psychologique avec une baisse régulière de l’activité mentale.

C’est pourquoi j’ai bâti un projet qui permet de redonner sens et intérêt à la vie des personnes âgées.

I – Le projet

Le projet consiste à rencontrer les personnes âgées afin de les aider à faire le récit de leur vie : écoute enregistrée, questionnement, reformulation et rédaction de leur propos pour construire une histoire avec elles.

II – Le récit

Par le récit et le questionnement sur le déroulement du parcours de la personne, apparaît une histoire personnelle. Le récit, en créant des liens et en trouvant le fil conducteur,  accompagne cet effort pour mettre en forme le vécu de l’expérience. Il importe de comprendre en quoi celle-ci est faite de passions et de valeurs, de croyances, en quoi les parcours de vie se fondent sur les singularités propres à chacun mais aussi sur ce qui fait leur ancrage dans un monde social (familial, culturel et institutionnel)  dont les projets et les aspirations marquent toujours les destins individuels. Le récit constitue un tout qui organise et donne sens aux évènements rapportés.

III – Fonction et bienfaits de l’activité pour la personne

Le temps d’écoute et de partage accompagne la personne dans un projet constructif avec un objectif concret : le manuscrit.

Le travail sur la mémoire, ainsi que la recherche d’éléments pouvant contribuer à réveiller celle-ci, auto-alimente un cercle vertueux où chaleur humaine et travail intellectuel favorise le ré épanouissement de la personne.

Le récit de vie est un outil de restauration identitaire. La reviviscence des souvenirs donne un souffle de vie tout en réaffirmant et renforçant l’identité personnelle. Le but n’est pas de retracer l’histoire telle qu’elle s’est objectivement déroulée mais de permettre de raconter l’histoire comme la personne s’en souvient. En effet, les souvenirs étant souvent morcelés et les récits présentant de nombreuses lacunes, la personne a un sentiment de discontinuité profonde. Le travail de création du récit permet de restaurer une continuité dans leur histoire.

Le récit produit aussi des effets positifs sur l’estime de soi. Les personnes âgées ont parfois l’impression de ne plus être dignes d’intérêt.

Un des buts de la démarche est de leur démontrer le contraire.

Le regard d’autrui a une grande influence sur la manière dont la personne va se sentir : l’être humain se perçoit souvent comme il se sent perçu. Une valeur est reconnue à ce qui est dit... et le passé n’est plus stérile.

Lors de perte d’autonomie, la création d’un récit de vie peut permettre de garder une certaine maîtrise de sa vie. La personne peut choisir de construire sont récit à partir d’éléments valorisants et faire ressortir des qualités personnelles devenues aujourd’hui moins perceptibles.

Le moment de la vieillesse donne la possibilité idéale de faire l’expérience d’une rentrée en soi-même. L’une des tâches les plus importante de la vieillesse est résolutive : il est nécessaire que la personne éprouve un sentiment d’achèvement et de satisfaction. C’est le moment de mettre de l’ordre dans sa vie.

IV – Transmission

L’histoire de vie, aussi privée qu’universelle, peut être transmise à des tiers :

la joie d’avoir  accompli un projet important apporte paix et sérénité à la personne âgée. Elle peut favoriser la restauration d’une relation avec ceux qui reçoivent le récit.

Car celui qui reçoit opère lui-même une construction : il entend ou lit en miroir sa propre histoire ou ce qu’il voudrait ou croit vivre dans (ou à l’encontre de) l’histoire de l’autre. Certains éléments du récit vont le « réparer” ou au contraire réveiller des blessures mal cicatrisées et il va, bien-sûr, réagir (verbalement ou non à ces interpellations).

V – Contribution à un projet sociologique

Cette histoire,  porteuse d’une chronologie,  est souvent description du changement et de l’évolution de la société.

Dans une  perspective de recherche, le récit de vie est recueilli comme un témoignage significatif au service d’un projet sociologique qui s’attacherait aux conditions socio-historiques de l’existence pour comprendre les destinées humaines. En effet, par la description vivante et sensible que permet le récit, la démarche biographique donne accès à la connaissance d’univers sociaux et professionnels, appréhendés de l’intérieur, à partir d’expériences singulières.

PROPOSITION D’INTERVENTION

Biographie

Je propose une intervention au domicile de la personne âgée ou dans sa résidence afin de mener à bien une série d’entretiens (de 5 à 10), après un échange préalable et l’agrément de la personne.

Principales caractéristiques

1. Une écoute active qui permet  (grâce à l’enregistreur) d’être en totale         perception avec ce qui est dit mais aussi avec ce qui n’est pas dit : le ressenti, montré par des gestes, des émotions ; la plus grande discrétion dans une attitude de profond respect et de confiance est apportée.

2.     Une présence créative qui va permettre, autour du projet, de réactiver la mémoire de la personne  et de la stimuler dans ses relations aux autres (recherche de documents, lettres, photos ou objets etc.) ; accompagnement de la personne sur un lieu connu ; rencontres et facilitation des échanges avec des personnes de son entourage.

3.     Un chemin d’acceptation afin que la personne fasse la paix avec elle-même. Souvent témoignage de souffrances, l’histoire de vie permet de déposer des conflits non résolus, des secrets non dits, des douleurs non exprimées. Le travail de cette dimension permet de valider son existence : légitimation de soi et reconnaissance des injustices subies.

4.     L’écriture du récit, fidèle à la parole,  permet le travail  avec intelligence de la construction de l’itinéraire de vie de la personne ; lecture, corrections et pour finir,  la relecture du tout avec l’assentiment de la personne.

5.     La réalisation d’un document relié et sa publication éventuelle dans le cercle familial ou amical et/ou  s’il a une valeur collective, dans un autre cadre. L’histoire de vie quand elle est publiée doit servir de modèle, de témoignage humain d’un chemin de vie, souvent  spirituel ou  initiatique pour le lecteur.