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Empreinte de vie, une vie, une histoire, un livre !
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  • Ecouter le récit de votre vie, le retranscrire sous forme d'un manuscrit est un service que je propose à toute personne désireuse de laisser une trace de son histoire à sa famille ou à la collectivité. Je vous aide aussi à construire votre carnet de voyage
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19 janvier 2021

Quelques mois dans les tranchées

Bonjour à vous tous,

Nos vies sont "au ralenti" avec un devenir en forme de point d'interrogation. Et nous sommes encore bien au sec dans nos vêtements, au chaud dans nos lits, le ventre plein. Nous ne recevons pas de bombes... même si le virus peut sembler à certains apeurés un danger permanent.

Ici, ces hommes ont lutté dans des conditions inimaginables. Je leur rends hommage en publiant un récit d'une personne de ma famille, André Sézestre.

Ma mère avait commencé à réécrire ce carnet mais n’était pas allée jusqu’au bout. J’ai retrouvé dans ses nombreux agendas toutes les visites qu’elle avait faites à André lors de son hospitalisation. Sa femme Jeanne était également hospitalisée à cette même époque, pas dans le même établissement et Maman allait de l’un à l’autre. Au décès d’André, elle continua d’aller voir Jeanne. 

BONNE LECTURE ! 

 

Carnet d’un chasseur

 

Jacques André Lucien Sézestre (1895-1976)

Rue des Gobelins, n° 5 - Paris 13e - Décoré de la Croix de Guerre 1914-1918

159e régiment d’artillerie à pied

  

Vendredi 31 juillet 1914, la mobilisation sonne pour les troupes actives à 4 heures du matin. Le bataillon part à 7 heures dans la direction de Sainte-Paule.

Samedi 1er août

Les réservistes du centre de Baccarat sont arrivés toute la nuit. Nous les habillons au plus vite et dans la journée, ils se pressent de rejoindre le bataillon. La mobilisation générale sonne à Baccarat à 4 heures du soir. Nous quittons la caserne et nous mangeons dans l’allée des Bigotes. 

« À la veille de la grande guerre, la ville héberge des troupes (20e Bataillon de Chasseurs à Pied) à la caserne Haxo dont il reste quelques bâtiments aujourd’hui. »

A 9 heures, nous prenons le train dans la direction de Brienne-le-Château. 

Dimanche 2 août

Après avoir passé Nancy, Toul, Vitry le François, nous arrivons à Brienne à 2 heures de l’après-midi où l’on nous fait cantonner.

Lundi 3 août

Les réservistes arrivent en grand nombre.

 Mardi 4 août.

Journée où il n’y a rien de saillant. 

Samedi 8 août

Départ du 60e bataillon de chasseurs commandé par le capitaine Boisselier.

Dimanche 9 août

Repos complet.

Lundi 10 août

Les journaux annoncent la résistance des Belges.

Mercredi 12 août

Les trains regorgeant de soldats passent en nombre incalculable, se dirigeant vers le nord.

Dimanche 16 août

On annonce que les Allemands ont pris Liège, Namur et qu’ils se dirigent vers la France.

Mardi 18 août

Je passe cuisinier.

Mercredi 19 août

Départ du 4e Chasseurs pour la ligne de feu.

 Vendredi 21 août

Des trains de blessés français et de prisonniers allemands passent à Brienne.

Dimanche 23 août

Les bleus des régions envahies par l’ennemi arrivent à Brienne.

Mardi 25 août

Le bruit court que le 20e et le 17e chasseurs va partir.

Vendredi 25 août

Exercices dans les champs.

Lundi 31 août

Préparatifs de départ. Nous quittons notre cantonnement pour nous embarquer à la gare. Aucun train ne nous attend. Force nous est de revenir au cantonnement pour la nuit.

 

Mardi 1er septembre

C’est maintenant que va commencer pour moi cette fameuse campagne de 1914. Enfin nous partons à 7 heures de Brienne après avoir été fêtés comme il le fallait. Nous passons à Bar-Sur-Aube, Chaumont, Chalandrey, Gray, Port l’Atelier, Jussy, Epinal, Bruyères, Autrey. 

Arrivé le 2 à 4 heures du matin. Départ le 2 pour la ligne de feu. On passe à Housseras au Haut de Belmont et au Col de Baremont qui est repris. Le canon tonne près de nous.

 

Le 3 septembre, nous retournons Brouvelieures 20 km - 1 heure du matin.

Le 4 septembre, nous allons nous embarquer à 7 kilomètres après Epinal, à Dogneville, soit 35 kilomètres. Nous entendons le bombardement de Rambervillers où l’on est passé à 7 kilomètres.

Le 5, débarquement à Vassy à 5 heures du matin.

Le 6, repos à Vassy.

Le 7, nous passons à Montrerender ? qui se trouve à 22 kilomètres de Brienne et 15 km après, nous couchons dans un petit village dont je ne puis trouver le nom à cause de la nuit.

 

Le 8, départ à 3 heures pour le camp de Mailly où nous arrivons à midi au lieu dit « Les Monts marins ».

A 1 heure, nous attaquons l’ennemi qui nous envoie une grêle de balles et d’obus.

Le 20e, en tête avec le 17e le soir nous nous retrouvons avec quelques autres du bataillon au puits des Monts marins.

Le 9, en tirailleurs, sur une crête du camp, nous recevons un obus à 2 mètres devant nous qui fait deux morts et plusieurs blessés. Nous restons dans les tranchées toute la journée et la nuit.

 

Le 10, marche en avant sur Sompuis qui est pris.

Le 11, tandis que l’ennemi se replie, nous faisons une quinzaine de km dans la direction de l’ennemi et nous couchons à Coole.

Le 12, nouvelle marche de 15 kilomètres. Nous sommes arrêtés à Togny-aux-Boeufs car le pont sur le canal de la Marne au Rhin a sauté

Le 13, nous repartons et nous passons sur le pont du génie à Marson où la moitié est en cendres. Nous arrivons à Bussy-le-Château qui a été bombardé et où nous couchons.

 

Le 14, départ à 3 heures. Nous passons à Suippes qui est à moitié détruit et nous prenons position dans les bois. Le soir nous retrouvons à Suippes pour garder le convoi de la division.

Le 15, nous rejoignons le bataillon et nous campons dans le bois jusqu’au 18. 

Le 18, à la tombée de la nuit, nous relevons une compagnie du 17e Infanterie aux avants postes. Il pleut toute la nuit et le matin a lieu quelques escarmouches, 5 tués, 2 blessés. Nous en sommes relevés le 21 à 2h30 du matin et nous sommes en réserves d’avant postes.

Le 22 au soir, nous passons en 2e ligne.

Le 24, attaque générale à 9 kilomètres. Nous restons en 2e ligne. A 11 heures, un obus tombe sur la 1ère Cie. 4 morts, 7 blessés. 

Le 25, nous sommes relevés pour aller enfin coucher dans la paille à Suippes où nous arrivons à 1 heure du soir. Nous pouvons enfin nous débarbouiller. La fusillade crépite dans la nuit.

Après une bonne nuit, nous partons à 9 heures du matin, le 26, pour renforcer le 17e Corps. Nous recevons une pluie d’obus qui ne fait pas grands dégâts (3 blessés) mais nous n’avons à intervenir et à 6 heures, nous repartons dans la direction de Suippes et nous allons dans le bois à la cote 470. A dix heures du soir, nous regardons dans la direction du moulin de Soins pour relever le 158e infanterie dans les tranchées de 3e ligne et nous sommes bien logés. Nous avons fait dans cette journée 25 kilomètres sur le front.

Le 27, nous nous reposons et l’on entend très peu le canon. A 9 heures du soir, attaque de nuit par les Allemands qui ne réussit pas.

Le 28, même manège au lieu de 9 heures, une heure du matin qui donne le même résultat que la veille.

Le 29, journée calme, quelques petites attaques sans importance.

Le 30, une attaque est faite par le 149e de réserve. Dans l’après-midi, petit bombardement sur nos tranchées qui ne fait pas de victimes.

 

Le 1er octobre à 5 heures, le 249e de ligne nous remplace dans nos tranchées et nous partons pour une destination inconnue. Nous passons par Suippes, Cuperly et nous cantonnons à St-Etienne-au Temple en attendant le restant du 21e Corps.

Un bruit court que nous allons embarquer.

Le 2 octobre, repos le matin sauf une heure d’exercice pour le plat du lieutenant qui a été volé. Nous partons à 7 h 30 dans la direction à Châlons.

A Châlons, nous embarquons à 1 heure du matin, nous dormons et je me réveille à Trilport, ensuite nous passons à Meaux, Esbly, Noisiel, Chelles, Gagny, Le Raincy, Pantin, Porte de la Chapelle où l’on aperçoit Paris, Plaine Saint-Denis où l’on peut, avec beaucoup de mal, avoir du pain au chocolat et du vin pendant les 20 minutes d’arrêt. Saint-Denis, Enghein-les-Bains, Eaubonne, Franconville, Persan, Beaumont, Creil nous voient passer, Amiens, Abeille où nous sommes bien reçus, distribution de pain, ensuite Noyelles-sur-mer, Rang-du-Fliers, Etaples, Calais où nous arrivons à minuit. Nous passons à Armentières à 5 heures du matin et nous débarquons après un voyage de 29 heures en chemin de fer à Ennetières-en-Weppes où nous sommes reçus épatamment. Ces gens du nord nous donnent bière, tout, fruits à discrétion.

Nous sommes le 4 octobre un dimanche. Nous passons ensuite à L’Homme Louvescaut ?, La Madeleine au bourg de Lille et Lille tout le long du chemin pain, beurre, cigarettes, bière etc. A 4 heures du soir commence la fusillade qui durera jusqu’à la nuit. Nous avons quelques pertes, 4 morts et quelques blessés. Nous couchons dans une maison en construction, sans être inquiétés de la nuit. Le matin nous nous installons en tirailleurs le long de la voie ferrée et nous attendons les évènements.

Le 5 octobre se passe dans le plus grand calme et les habitants continuent à nous apporter des victuailles.

Le 6 octobre, je couche avec mon camarde G. dans la cuisine d’un garde-barrière et ce matin là, avec le lait qui nous fût apporté, nous avons fait du chocolat. Nous sommes relevés le soir à 6 heures. Nous allons jusqu’à la mairie de Madeleine où l’on nous donne l’emplacement pour nous coucher. Nous couchons dans une filature. Le matin, la population nous apporte le café. A dix heures la soupe, des haricots. Des femmes de bonne volonté soignent ceux qui ont les pieds blessés.

Le 7 octobre à 11 heures du soir, nous quittons notre grange pour une destination inconnue, nous faisons dix kilomètres dans les environs de Lille et nous embarquons en camions automobiles. Nous faisons 30 à 35 kilomètres dans ces voitures et nous descendons à Vandelles ?.

Le 8 octobre à 5 heures, là, nous retrouvons notre corps d’armes. Là, nous passons par Grenay, Aix et nous nous retrouvons face à l’ennemi à 21 kilomètres de là. La compagnie se met en tirailleurs sur le ? et nous couchons sur la route et le matin les fusillades recommencent de plus belles. Le vendredi nous cantonnons dans une maison abandonnée avec le lieutenant dans le pays de Noulette.

Le 10, nous recevons une grêle d’obus au moins 2 000 de tirés. Cela dure même la nuit.

Le 11, nous allons en arrière, en réserve pour reformer le bataillon. Nous remplaçons le lundi 12 le 149e de ligne dans les tranchées de 2e ligne. Quelques obus viennent nous visiter de temps en temps mais rien de grave. Le 13 nous couchons dans une maison près des tranchées.

Le 14, attaque de nuit de notre armée. Les positions restent les mêmes.

Le jeudi 15 octobre, nous restons dans la maison et nous continuons toujours à faire la cuisine.

Le 15, à 6 heures du soir, nous sommes relevés pour passer en 1e ligne. Nous partons dans la nuit et nous arrivons à notre emplacement vers les parages de la ? . Ce pays s’appelle Loos-en-Gohelle. Nous cantonnons dans une épicerie qui a été démolie par les obus. 

Les 16, 17 et 18 se passent sans incident si ce n’est que l’on se restaure très bien dans ce magasin.

Le 19, attaque de nuit qui ne réussit pas sur notre gauche.

Le 20, nous subissons un furieux bombardement et une fusillade nourrie. Les Allemands tentèrent une attaque qui ne réussit pas, résultat deux morts, 4 blessés. La nuit reste calme.

Le 21 octobre, un mercredi, petite attaque de nuit sans résultat de leur part.

Le 22-23-24, rien de grave sauf un petit bombardement dans la nuit qui ne fait pas de victimes.

Le 25, nous sommes toujours dans notre épicerie où l’on se nourrit comme des rois, nous engraissons à vue d’oeil, nous avons mobilisé les matelas et nous couchons dans la cave. Nous sommes tellement bien que le lieutenant demande à rester en première ligne. Le soir nous sommes renforcés par 22 chasseurs, revenant de Beaune, tant blessés qu’évacués. Parmi ceux-ci un officier qui seconde le lieutenant Krauss qui avait fort à faire tout seul. 

Le lundi 26, fusillade à notre gauche. Nous touchons des bouchers offensifs qui ne me paraissent guère commodes.

Le 27, les Allemands nous bombardent sans résultat.

Le 28, nos artilleurs se vengent et le bombardement dure une partie de la journée.

Le jeudi 29 jusqu’au 22 (novembre ?) au soir, près d’un mois où nous sommes relevés par le 109e de ligne. Que de regret pour ce passage où, en 1ère ligne nous étions plus tranquilles qu’en réserve. Nous faisons plusieurs kilomètres, nous passons à Bully, Grenay et nous couchons à Aix-Noulettes. Le matin départ pour Marquillies. Nous arrivons à Marquillies le matin à 9 heures, nous cantonnons dans une grange.

Nous restons le 23, le 24 et le 25 sans grand mal. 

Le 26, à 3 heures dans la nuit, nous partons relever la 1er Cie en face au Hameau de Noulettes dans des tranchées pleines d’eau. Nous restons le 26, le 27. Le 28 cela tiraille nuit et jour. Un éboulement se produit et ensevelit un chasseur qui meurt aussitôt après. 

Le 29, il pleut toujours. Nous sommes dans la flotte. De bonnes nouvelles nous arrivent, les Russes avancent sur Berlin.

Le 30, nous ne sommes toujours pas relevés, les hommes et les officiers en ont assez. Il faut espérer que cela sera fait ce soir. Le matin à 3 heures nous sommes relevés par la 3e Cie. A 4 heures nous cantonnons à Noulettes. 

Nous restons le 1 et 2 décembre.

Le 3, à 5 heures nous partons pour Aix-Noulettes. Nous cantonnons et à 7 heures nous partons pour la fosse n° 9 prendre des douches dans les établissements de mineurs. Nous revenons vers 2 heures ayant fait 16 km de distance aller et retour des deux points.

Le 4, nous restons à Aix-Noulettes.

Le 5, décembre vers 9 heures, réveil, départ pour les tranchées de Noulettes où nous restons 4 jours ayant de l’eau jusqu’aux genoux.

Le 8, au soir, nous sommes relevés par le ? chasseurs à pied nous faisons 8 kilomètres et nous allons nous reposer à Noeuds-les-Mines où nous restons 8 jours à nous reposer. Quel bonheur.

Le 16, nous partons pour Marquillies et le lendemain nous attaquons dans la direction de Notre-Dame de Lorette. Le soir nous occupons des tranchées boches mais le lendemain nous sommes forcés de nous retirer car l’artillerie en réserve nous décime. Le soir, nous sommes relevés par le 17e Chasseurs qui était de réserve et qui attaqua à son tour. Nous restons de réserve dans les bois. Inutile de dire que nous avons de la boue jusqu’aux genoux.

Le lendemain soir, le 19, nous cantonnons à Marquillies. Le matin, nous retournons de réserve dans les bois. Le soir nous sommes relevés par la 12 ? qui va attaquer à son tour le 1e ? 31 ? 10e chasseurs à pieds. Le soir nous couchons à Marquillies et le matin qui est le 21 décembre, nous nous dirigeons vers Noeux-les-Mines. Nous défilons devant le général qui nous applaudit et l’on va enfin se reposer. 

Nous restons le 22 et 23. Pendant cette attaque de Notre-Dame de Lorette, le bataillon a perdu 500 hommes, autant de tués, blessés que disparus. Nous ne savons encore si nous allons passer Noël à Noeux. Que de plaisir cela serait pour nous. Nous allons au repos à Noeux. Nous partons le 25 à minuit direction Aix-Noulettes où deux compagnies vont seulement aux tranchées. Nous relevons tous les 24 heures car si nous restons plus longtemps nous serions gelés. Nous restons à Aix-Noulettes jusqu’au 31 au soir. Nous partons pour Mazingarbe nous reposer. Nous passons le jour de l’an. Nous avons champagne, vin rouge, vin blanc, orange, pommes, noix, jambon. 

Le 2 janvier se passe également bien.

Nous restons 3 jours à Mazingarbe. Nous partons le 4 au matin pour les tranchées de Boyeffles. Le soir nous revenons coucher Sains-en-Gohelle. Nous restons une journée.

Le 6, à 11 heures, départ du Bataillon pour Noeux-les-Mines où nous cantonnons. Nous restons 6 jours. Pendant ces six jours, nous allons deux jours faire des tranchées de 3e ligne.

Le 10, nous partons pour Aix-Noulettes où nous allons prendre position dans les tranchées à deux kilomètres de là, sur la route d’Arras. Nous sommes 24 heures aux tranchées et 24 heures au repos.

Le 16, mon meilleur camarade est tué par une balle boche en pleine tête.

Le 17, nous recevons du renfort des biffins du 7e de ligne. Impossible d’avoir des chasseurs, il n’y en a plus dans les dépôts.

Le 19, nous partons pour Noueux-Les-Mines nous reposer.

Le 21, revue du 20e régiment de Chasseurs par le Général de Maud Roy où l’on décore le commandant et le capitaine Watrin.

Le 22, nous allons au douche le mettre à la fosse ?

A 9 heures le soir nous partons dans des tranchées dans la direction de Bully-Grenay. Nous sommes dans des tranchées devant ? fosse n° 4.

Tranchées merveilleuses où il y a du feu dans chaque abris. Nous couchons même sur des matelas. D’ailleurs on peut relever en plein jour. Nous restons 48 heures et nous allons en réserve à Bully-Grenay. Il n’y a que deux compagnies en ligne. Nous y restons 4 jours logés chez l’habitant. Dans les ? je rencontre mon copain Charles qui était au 59e d’artillerie.

Le 31 janvier, au bout de 4 jours, nous allons aux tranchées. Nous restons deux jours et même manège jusqu’au 1952 (rayé). Entre temps, le 5 nous avons été renforcer plusieurs unités, les Allemands ayant fait sauter les tranchées françaises. Nos troupes étant submergées ont été obligées d’évacuer la tranchée. Tout ceci dans le secteur de Noulette. Nous sommes restés 9 jours au bois et un jour au hameau de Marqueffles. Deux jours à Noulette. Nous irons renforcer pendant ce laps de temps le 149e de ligne. Nous sommes contents de retourner à Bully et nous allons aux tranchées tous les deux jours. Le temps se passe assez monotone jusqu’au 12 avril.

Après nous revenons dans le secteur de Noulette aux bois 4 et 5, tranchées affreuses, toujours pleines d’eau.

Nous côtoyons le 17e de ligne. Après deux jours passés dans les tranchées, nous allons en réserve au bois 8 dans des abris assez bien. Ensuite nous retournons aux tranchées deux jours. Ensuite nous allons dans des abris blindés à Noulettes où nous ne passons que la nuit, passant la journée à Aix. Après ces deux jours, départ pour les tranchées et même manège jusqu’au samedi 24 avril. Nous quittons les tranchées pour aller en repos à Hersin où nous restons 15 jours. Pendant ce laps de temps nous faisons énormément d’exercices.
Le samedi 8 mai, départ pour l’attaque où nous prenons position pendant la nuit entre la Chapelle de Lorette et le village d’Ablain-Saint-Nazaire. Le matin à 10 heures, nous sortons des tranchées. Nous enlevons trois tranchées à la baïonnette. Nous restons sur les positions conquises. Le lendemain, le 17e de ligne enlève encore une ligne de tranchées. Nous restons 4 jours et sommes relevés par le 21e de ligne. Nous allons nous reposer deux jours dans des abris dans le bois de Bouvigny dans un lieu dit (La Forestière) où nous avons aperçu le Général Joffre.

Le matin on rassemble le bataillon. Les pertes ont été assez élevées Des sergents commandent les compagnies. Les cadres ont été fortement éprouvés. 

Le soir nous allons cantonner à Hersin où je couche dans un lit. Le lendemain à 5 heures, départ pour les tranchées justes en face de la Chapelle de Lorette. Une seule compagnie va attaquer le 4e mais sans résultat. Les hommes ne sortent plus des tranchées. La brigade donne l’ordre de cesser toute attaque. Nous restons 4 jours sous un bombardement intenable à consolider nos positions. Les tranchées sont tellement bien repérées par les Boches que tous les obus tombent dans les tranchées et les rebouchent complètement. Après 4 jours, départ à 8 heures où nous sommes relevés par une autre division volante du 5e Corps qui comprend des tirailleurs marocains pour continuer le travail. Nous partons cantonner à Barlin où nous changeons trois fois de cantonnement en 8 jours.

Après ces 8 jours, tous les après-midis, nous allons en réserve dans le parc d’un château à Sains-en-Gonelle. Le samedi 29, nous quittons Barlin pour une destination inconnue. Après 9 heures de marche nous arrivons à Hersin qui se trouve à 20 kilomètres de la ligne de feu. »

 

Le 31 mars 1915, André recevra une injection contre la fièvre typhoïde.

Le 22 avril 1915, il sera blessé mais pas évacué.

Il sera de nouveau blessé le 25 septembre 1915 et évacué le 26 à l’hôpital à Paris où il séjournera jusqu’au 12 janvier 1916. Après un congé de convalescence, il réintégrera l’armée le 10 octobre 1916.

Ablain-Saint-Nazaire est une commune française située dans le département du Pas-de Calais, en région Nord Pas-de-Calais-Picardie.

Elle abrite la nécropole nationale de Notre-Dame-de-Lorette où reposent 45 000 combattants de la Première Guerre mondiale.

 Un certificat de visite dans un centre de convalescence à Rochefort-Sur-Mer fera état d’une plaie pénétrante de la poitrine par balle. Signe pleura-corticaux, niveau sommets pulmonaires.

 Reliquat de blessures transperçant de l’hémithorax gauche. Cicatrice d’entrée au niveau de la côte ? ou bien interne de l’omoplate droite.

Dé… et adhérence avec fracture costale. Autre cicatrice au niveau du moignon de l’épaule à l’auscultation.

 

Mobilisé à nouveau le 26 mars 1940, il demandera à être démobilisé le 1er août 1940.

 

10 Original journal d'un chasseur

 

 

Restons positifs... nous sommes chanceux !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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